Французский авантюрист при дворе Петра I. Письма и бумаги барона де Сент-Илера - читать онлайн книгу. Автор: Игорь Федюкин cтр.№ 39

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Онлайн книга - Французский авантюрист при дворе Петра I. Письма и бумаги барона де Сент-Илера | Автор книги - Игорь Федюкин

Cтраница 39
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Хотя эти предупреждения сочли ненадежными, однако не оставили их без внимания, и были приняты все возможные меры, чтобы предотвратить беду и выяснить, насколько обоснованы опасения; разыскания убедительно показали, что они были вымышленными. Об этом сообщили господам Оберам и всем людям на местах и приказали арестовать Сент-Илера и отправить во Францию, когда он проследует из Генуи в Ливорно на нанятой им фелуке. Но он изменил свои намерения и отправился в Милан посуху, где был посажен в тюрьму за похищение жены некоего генуэзца. По указанию герцога де Уседа он был выпущен на свободу и вернулся в Неаполь, где отметился дурным поведением и навлек на себя подозрения. Вице-король приказал арестовать его и поместить в Кастель-Нуово ; пока разбирали его дело, он нашел средство подкупить солдата, стоявшего на часах, и сбежал. Солдат этот был взят под стражу и повешен. Сент-Илер удалился в Мессину, чтобы, как он утверждал, представить добрых друзей бывшему там в то время королю Сицилии и предложить свои услуги. Этот государь выслушал его, приказал выдать 2оо пистолей и затем заставил покинуть Сицилию.

Сент-Илер направился в Петербург якобы с великими проектами учреждения царского флота.

Фрейлина царевны, супруги царевича, наследника московского престола, влюбилась в него и вышла за него замуж, и благодаря этому браку царь отдал Сент-Илеру руководство гидрографическими школами и командование 300 гардемаринами, которые этот государь учредил по меморандуму, представленному ему Сент-Илером.

N.° 2 «Дневник моих переговоров о сепаратном договоре между королевствами Франции и Испании и Португалией», 18 апреля 1711 г.

Journal de ma négociation pour un traité particulier entre les couronnes de France et d’Espagne, et le Portugal.

Je m’appelle Joseph Haller, je suis natif de Toulon, établi depuis quatre ans marchand à Bayonne. J’en suis parti dans le mois d’aout 1710 pour venir à la Corogne en Galicie, faire quelques affaires particulières. J’envoyai de là un Capitaine Génois à Bayonne pour qu’il fut Capitaine d’un navire à moy sous sa bandière, que j’avois fait charger du brée [=blé] et du fer, et d’autres marchandises pour Lisbonne, lui ordonnant de faire les depeches pour Cadiz, en repassant il relacha à la Corogne pour me prendre avec lui dans le mois de novembre. Quand nous fûmes sur la côte du Portugal nous trouvâmes un navire de St. Malos corsaire, Capitaine Jolly de Simoualou, qui nous prit et nous mena à Cadiz. Il trouva dans mon dit navire quelques papiers qui parloient de Lisbonne. Cela engagea le dit corsaire à faire avoué au dit capitaine Génois et à son équipage qu’il étoit vrai qu’ils alloient à Lisbonne, ce qu’il fut cause que le dit navire et charge fut confisqué et comme par cette confiscation je me trouvai convaincu de vouloir introduire de marchandise [s] prohibées aux ennemis de la France, je n’y osois pas retourner. J’envoya [i] procuration à un ami pour recevoir les asseurances de ceux qui m’avoient asseuré le dit navire, et charger de m’achepter un autre navire à peu près du meme port et me le charger des memes marchandises que l’autre dit navire Génois pris, et me l’envoyer sous bandière Génoise à Lisbonne depeché pour Cadiz, lui disant en meme temps que je venois à Lisbonne pour en faire les asseurances.

Je parti du port de St Marie le premier de février dernier pour venir à Badajox. En y arrivant je fus trouver Monsieur le Marquis de Bay pour lequel j’avois une lettre de recommendation du Marquis de Resbourg que j’avois receu [=reçu] pendant mon séjour à Cadiz, sur ce témoignage Monsieur le Marquis de Bey entre autres choses me dit qu’il ne douta nullement que je ne fus bon François, et porté de rendre service à Mon Prince et au roi Philippe; il me charg[e]a de proposer et solliciter les Portugais à faire un traité de paix particulier avec les deux couronnes; et de leur offrir toutes les assurances; et avantages qu’ils pourroient souhaiter. Je partis le 16 de Badajox, en arrivant à Elvas on me menât chés le jeune Marquis das Minhas, qui me disoit au commencement en public, qu’il le trouvât fort étrange que Monsieur de Bay envoyât des gens de cette maniéré sans lui en faire part, qu’il y avoit d’autres routes pour aller à Lisbonne, et qu’il ne me laisseroit pas passer par là, après quoi me prenant à l’écart il me demandât des nouvelles d’Espagne, sur lesquelles je le satisfis, lui disant en meme tems que la meilleure que je pouvois lui donner etoit la commission dont Monsieur de Bay m’avoit chargée, il se radoucissoit alors et me faisoit beaucoup de caresses, me priant à dinner avec lui et les autres Messieurs qui s’y trouvoient, entre lequels il y avoit Monsieur de La Pradelle. A l’egard du traité il me répondit qu’il m’enverroit à Diego de Mendoça Cortereal secrétaire d’Es[tat] pour lui parler de cette affaire, me disant pourtant que comme il avoit refusé publiquement de me laisser passer, il faudra sauver les apparences, et le [se] faire solliciter fortement en ma faveur par Monsieur de la Pradelle, ce que je fis. Je partis d’Elvas en poste le 19 pour Lisbonne avec un capitaine de cavallerie Portugais, nous y arrivâmes le 20, nous fumes droit à la secretairie d’Etat, à l’appartement de Monsieur de Mendoça, à qui je fis la proposition du dit traité. Il me répondit qu’il ne pouvoit pour le présent donner aucune réponse sur cette matière, mais qu’il trouvoit à propos que je ne parusse point en ville, — crainte de ne donner quelque soupçon aux ministres des alliés. Il fut convenu que je resterois chés son premier commis Alexandre de Coste Pinheiro et qu’il me rendroit bientôt réponse sur ma proposition. Le soir du meme jour sur les sept heures Diego de Mendoça vint me voir, il me dit comme ma commission etoit verbale, qu’il falloit que j’écrivisse au dit Marquis de Bay de me donner une autorité par écrit.

Je lui écrivis d’abord sur ce sujet, il me répondit le 26 du meme mois, sa lettre arriva à Lisbonne le premier de Mars, elle etoit ouverte, Diego de Mendoça me l’envoya d’abord, et me fit dire d’aller avec mon hôte Alexandre de Coste Pinheiro dans la maison de campagne, où il se trouva. Il me dit qu’il voyait par la lettre que le Marquis de Bay m’écrivit, que la commission verbale qu’il m’avoit donnée etoit véritable, mais qu’il ne s’expliqua point sur ces propositions. Il fut convenu que j’irois à Badajox dire à Monsieur de Bay qu’on vouloit bien entrer en traité, mais qu’il fallut donner par écrit ou de bouche les avantages qu’il vouloit faire. Je partis pour Badajox le 3 de mars en compagnie de Pantaleon de Costa domestique de Diego de Mendoça, nous arrivâmes à Estremos le meme jour où se trouvât le jeune marquis das Minhas, qui me fit donner rendez-vous dans le couvent des Pères de l’Oratoire. Je lui fis part de ma négociation avec Monsieur de Mendoça, il me donna un adjutant de Cavallerie pour m’accompagner jusqu’à Olivenza, avec une lettre pour le Gouverneur de cette ville pour me donner des chevaux et un tambour pour passer à Badajox. J’y arrivai le 5, je n’y trouvois pas Monsieur] de Bay je fut le joindre à Al Curea à 15 lieues de Badajox, il depecha d’abord un courrier au Roi son maitre pour lui faire part de ma négociation, et pour qu’il lui envoyât les instructions necessaires, et un plein pouvoir pour traiter à fond sur la dite négociation. Il fut convenu avec Monsieur de Bay que j’irois l’attendre à Merida, j’y vins et comme je n’y connoissois personne, je me suis résolus de revenir à Badajox, je laissai une lettre à Merida que Alonco Leal trésorier des troupes de l’Estremadura rendit à Monsieur de Bey, lorsqu’il y arriva, par laquelle je lui faisois savoir que m’ennuyant à Merida j’etois retourné à Badajox. Monsieur de Bay en arrivant à Merida me répondit qu’il esperoit me voir en trois ou quatre jours, pour parler à fond sur la matière en question. Il m’écrivit après une lettre du meme endroit par laquelle il m’informoit qu’il avoit reçu son courrier de Sarragosse avec un plein pouvoir du Roi son maitre, et m’ordonna d’aller incessamment à Lisbonne, d’en faire part à Diego de Mendoça, mais comme je ne croyois pas que mes instructions fussent assès amples, je me résolus d’aller joindre Monsieur de Bay à Merida, je partis pour cet effet le 17. Je le trouvois à moitié du chemin à un village qu’on appelle Loubon . Il me dit que la lettre qu’il m’avoit écrite etoit suffisante, je retournois ce meme jour à Badajox pour prendre un trompette. J’en partis le lendemain pour Lisbonne, passant par Olivenza le gouverneur de cette place me donna un adjutant de cavallerie du régiment de Monsieur] Lugou Portugais avec de jumens pour venir à Elvas, et ordre de ne point entrer dans la ville, mais aller à St. François, un couvent situé au nord-ouest d’Elvas proche du grand aqueduct. Le jeune marquis das Minhas vint m’y joindre, je lui fis part de tout ce qui s’etoit passé avec Monsieur de Bay. Je lui dit de sa part qu’il ne souhaitoit rien tant que de voir cette affaire conclue, pour avoir l’honneur de l’embrasser. Il me répondit par des remercimens. Je continuai le meme jour ma route pour Lisbonne, où j’arrivai le 19 au soir avec le dit adjutant. Le 22 j’eus un rendez-vous avec Monsieur de Mendoça dans sa maison de campagne, je pris la chaise, et le valet de mon hôte Alexandre de Costa qui me mena au-delà de Roucia où je trouvois Monsieur de Mendoça dans sa chaise toute fermée, je me mis dedans avec lui, et nous fumes ensemble dans sa maison de campagne, parlant à fond sur cette matière, il fut conclus que je retournerois à Badajox dire à Monsieur de Bay qu on voulut absolumment avant nommer de sujets pour cette affaire, savoir les propositions qu’on vouloit faire et qu’ainsi il pouvoit me les dire. Monsieur de Mendoça me pria d’ecrire à Monsieur de Vendosme, lui faire part de ma négociation, et lui dire les dispositions qu’ils etoient pour conclure une affaire de cette importance. Le 23 je sui[s] parti pour Badajox et j’y arrivai le 24 au soir, j’écrivis d’abord à Monsieur de Vendosme sur la matière en question. Monsieur de Bay me dit le meme jour ses intentions et celles du Roi son Maitre, qu’il donneroit au Portugais la Province de Thuy, la Puebla, Badajox et Ayamonte qu’ils pourroient fortifier comme ils jugeront à propos. Je partis de Badajox le 25 pour Lisbonne passant toujours par Olivenza et allant au couvent de St. François d’Elvas ou vint Monsieur das Minhas. Je lui fis part de la proposition, il en parut fort content, et me depecha d’abord pour suivre mon voyage à Lisbonne, où j’arrivai le 26, le meme jour au soir Mon [sieur] de Mendoça m’envoya chercher dans son appartement, je lui fis les offres que Mon [sieur] de Bay m’avoit dit de faire, il en parut aussi content que le Marquis das Minhas, mais il me dit que pour les assurances de ses Flottes, ils auroient besoin de quelques navires françois, et qu’il falloit que je retournasse à Badajox pour demander à Monsieur de Bay trente vaisseaux de ligne depuis cinquante jusqu’à quatre-vingt cannons. Je repartis le 27 pour cet effet, le Marquis de Bey me dit qu’il en alloit écrire en Cour, par un courrier qu’il depecha le 28 au soir. Je fis part de la bonne issue de mon affaire à Monsieur de Vendosme, je partis de Badajox pour Lisbonne le 30 passant toujours par Olivenza, et allant au Couvent de St. François d’Elvas, où je vis le Marquis das Minhas. J’arrivai à Lisbonne le 31, Monsieur de Mendoça vint me voir le soir sur les sept heures, je lui dit que Monsieur de Bay avoit écrit en cour pour les navires, et que d’abord qu’il en auroit une réponse, il lui en feroit part. Je repartis le lendemain premier d’avril pour aller attendre cette réponse, j’arrivai à Badajox entre minuit et une heure de 1 à 2 et fis ouv[r]ir les portes, j’y restai cinque jours, Monsieur de Bey me dit alors qu’il avoit reçu une lettre de la Cour pour l’affaire des navires. Il me donna une lettre cachetée pour Monsieur de Mendoça sans me rien dire mais j’ai sçu par le secrétaire de Mons[ieur] de Bay qu’on lui accordât les navirres qu’il demandoit, c’est à dire qu’on donneroit les armes, munitions de guerre et équipages mais qu’ils payeroient eux-memes les salaires et les vivres. Je partis le 6 passant toujours par Olivenza, et le couvent de St. François où je vis le Marquis das Minhas. J’arrivai à Lisbonne le 7. Je tendis ma lettre à Monsieur de Mendoça qui me fit repartir le lendemain avec une autre lettre cachetée pour Monsieur de Bey. J arrivai le 9 au matin à Badajox après que le Marquis de Bay avoit lû ma lettre, il commença à me quereler, à cause que j’avois écrit à Monsieur de Vendosme sans lui en faire part, disant que c’etoit indigne à moi d’avoir agi de la sorte, puisque j’avois receu [=reçu] cette commission de lui, qu’il ne fallut pas que j’en voulusse donner la gloire à d’autres, ni vouloir me l’approprier, il me retint toute la nuit dans une chambre, avec une garde, pour que je n’écrivis aucune lettre à Mons[ieur] de Vendosme, il ne voulut point meme me rendre celles que Monsieur Vendosme m’avoit écrit. Il me dit qu’il ne vouloit point de conclusion du traité, et que lorsqu’il seroit en campagne il feroit des nouvelles propositions lui-meme au[x] generaux portugais. Cependant son secrétaire me dit avant de partir que l’affaire etoit entièrement concilie, et qu’on devoit nommer la part de Portugal des sujets pour finir le tout, qui entreraient par Albuquerque incognito pour se joindre avec le Marquis de Bay à Merida, chés don Alonco Leal. Il me disoit aussi que je ne devois pas me chagriner de ce que Monsieur de Bay avoit fait à mon egard, qu’il avoit écrit fortement en cour en ma faveur, m’asseurant en meme tems qu’on me depecheroit bientôt une patente pour etre consul pour les deux couronnes à Lisbonne; et me donnerait d’autres gratifications. Je partis le 10 de Badajox, passant à Olivenza le gouverneur de cette place me dit qu’il venoit recevoir une lettre du Marquis das Minhas qui lui disoit de ne me laisser point aller au couvent, mais entrer dans la ville d’Elvas, et que les portes me seraient ouvertes, j’arrivai à Elvas le meme jour avec l’adjutant qui m’accompagnoit toujours. Je fus d’abord chès le Marquis das Minhas qui me mit dans la chambre de son homme d’affaire Joseph Martin, pour que personne ne me vit. Il me dit qu’il avoit ordre de ne me laisser pas aller sitôt à Lisbonne, cependant j’écrivis à Monsieur de Mendoça qu’il me permit de venir a Lisbonne pour mes affaires particulières. Il écrivit au Marquis das Minhas de me faire partir. J’arrivai à Lisbonne avec l’adjutant le 14. Diego de Mendoça vint me voir le soir à l’heure accoutumée, je lui fis de bouche le conte de mon affaire avec Monsieur de Bay, le lendemain il m’envoya dire de bon matin de partir pour Elvas, voir Monsieur das Minhas pour me faire passer à Badajox. Je partis avec mon adjutant qui avoit un gros paquet pour Monsieur das Minhas.

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