Цветы зла - читать онлайн книгу. Автор: Шарль Бодлер cтр.№ 62

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Онлайн книга - Цветы зла | Автор книги - Шарль Бодлер

Cтраница 62
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Cadavres vernissés, lovelaces chenus,

Le branle universel de la danse macabre

Vous entraîne en des lieux qui ne sont pas connus!


Des quais froids de la Seine aux bords brûlants du Gange,

Le troupeau mortel saute et se pâme, sans voir

Dans un trou du plafond la trompette de l'Ange

Sinistrement béante ainsi qu'un tromblon noir.


En tout climat, sous tout soleil, la Mort t'admire

En tes contorsions, risible Humanité,

Et souvent, comme toi, se parfumant de myrrhe,

Mêle son ironie à ton insanité!"

XCVIII
L'AMOUR DU MENSONGE

Quand je te vois passer, ô ma chère indolente,

Au chant des instruments qui se brise au plafond

Suspendant ton allure harmonieuse et lente,

Et promenant l'ennui de ton regard profond;


Quand je contemple, aux feux du gaz qui le colore,

Ton front pâle, embelli par un morbide attrait,

Où les torches du soir allument une aurore,

Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait,


Je me dis: Qu'elle est belle! Et bizarrement fraîche!

Le souvenir massif, royale et lourde tour,

La couronne, et son cœur, meurtri comme une pêche,

Est mûr, comme son corps, pour le savant amour.


Es-tu le fruit d'automne aux saveurs souveraines?

Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs,

Parfum qui fait rêver aux oasis lointaines,

Oreiller caressant, ou corbeille de fleurs?


Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques,

Qui ne recèlent point de secret précieux;

Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques,

Plus vides, plus profonds que vous-mêmes, ô cieux!


Mais ne suffit-il pas que tu sois l'apparence,

Pour réjouir un cœur qui fuit la vérité?

Qu'importe ta bêtise ou ton indifférence?

Masque ou décor, salut! J'adore ta beauté.

XCIX

Je n'ai pas oublié, voisine de la ville,

Notre blanche maison, petite mais tranquille;

Sa Pomone de plâtre et sa vieille Vénus

Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus,

Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe

Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe,

Semblait, grand œil ouvert dans le ciel curieux,

Contempler nos dîners longs et silencieux,

Répandant largement ses beaux reflets de cierge

Sur la nappe frugale et les rideaux de serge.

C

La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse,

Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,

Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.

Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,

Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,

Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,

Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,

À dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,

Tandis que, dévorés de noires songeries,

Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,

Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,

Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver

Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille

Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.


Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,

Calme, dans le fauteuil je la voyais s'asseoir,

Si, par une nuit bleue et froide de décembre,

Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,

Grave, et venant du fond de son lit éternel

Couver l'enfant grandi de son œil maternel,

Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,

Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse?

CI
BRUMES ET PLUIES

Ô fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue,

Endormeuses saisons! Je vous aime et vous loue

D'envelopper ainsi mon cœur et mon cerveau

D'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau.


Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue,

Où par les longues nuits la girouette s'enroue,

Mon âme mieux qu'au temps du tiède renouveau

Ouvrira largement ses ailes de corbeau.


Rien n'est plus doux au cœur plein de choses funèbres,

Et sur qui dès longtemps descendent les frimas,

Ô blafardes saisons, reines de nos climats,


Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres,

— Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux,

D'endormir la douleur sur un lit hasardeux.

CII
RÊVE PARISIEN

À Constantin Guys.


I

De ce terrible paysage,

Tel que jamais mortel n'en vit,

Ce matin encore l'image,

Vague et lointaine, me ravit.


Le sommeil est plein de miracles!

Par un caprice singulier

J'avais banni de ces spectacles

Le végétal irrégulier,


Et, peintre fier de mon génie,

Je savourais dans mon tableau

L'enivrante monotonie

Du métal, du marbre et de l'eau.


Babel d'escaliers et d'arcades,

C'était un palais infini,

Plein de bassins et de cascades

Tombant dans l'or mat ou bruni;


Et des cataractes pesantes,

Comme des rideaux de cristal,

Se suspendaient, éblouissantes,

À des murailles de métal.


Non d'arbres, mais de colonnades

Les étangs dormants s'entouraient,

Où de gigantesques naïades,

Comme des femmes, se miraient.

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