Жизнь Шарлотты Бронте - читать онлайн книгу. Автор: Элизабет Гаскелл cтр.№ 56

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Онлайн книга - Жизнь Шарлотты Бронте | Автор книги - Элизабет Гаскелл

Cтраница 56
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Далее я привожу фрагмент одного из очень немногих сохранившихся писем Шарлотты к Эмили.

29 мая 1843 года

Я провожу тут день за днем на манер Робинзона Крузо, в полном одиночестве, хотя ничего страшного в этом нет. Во всех других отношениях мне не на что пожаловаться, да и это обстоятельство – не повод для жалобы. Надеюсь, у тебя все в порядке. Гуляй почаще по пустошам. Поцелуй Тэбби. Надеюсь, она чувствует себя хорошо.

Примерно в это время она писала отцу:

2 июня 1843 года

Я была очень рада получить весточку из дома. Не имея никаких известий, я уже начала было беспокоиться: вдруг у вас что-то не так? Ты не пишешь ничего о своем здоровье, но я надеюсь, что оно в порядке и у тебя, и у Эмили. Боюсь, ей приходится выполнять очень много работы по дому теперь, когда Ханна [7] ушла от нас. Я ужасно рада слышать, что Тэбби все еще остается у нас в доме. [8] С вашей стороны это проявление истинного милосердия, которое обязательно будет вознаграждено, ведь она так преданна и всегда старается как можно лучше услужить тебе. А кроме того, она составляет компанию для Эмили, которой без Тэбби будет совсем одиноко.

Выше я приводила devoir, выполненный Шарлоттой после четырех месяцев обучения у мсье Эже. Теперь можно дать здесь еще одно сочинение, написанное почти год спустя; за это время, как мне кажется, мисс Бронте сделала очень большие успехи.

31 Mai, 1843

SUR LA MORT DE NAPOLÉON

Napoléon naquit en Corse at mourut à St. Hélène. Entre ces deux îles rien qu’un vaste et brûlant désert et l’océan immense. Il naquit fils d’un simple gentilhomme, et mourut empereur, mais sans couronne et dans les fers. Entre son berçeau et sa tombe qu’y a-t-il? La carrière d’un soldat parvenu, des champs de bataille, une mer de sang, un trône, puis du sang encore, et des fers. Sa vie, c’est l’arc en ciel; les deux points extrêmes touchent la terre; la comble lumineuse mesure les cieux. Sur Napoléon au berceau une mère brillait; dans la maison paternelle il avait des frères et des sœurs; plus tard dans son palais il eut une femme qui l’aimait. Mais sur son lit de mort Napoléon est seul; plus de mère, ni de frère, ni de sœur, ni de femme, ni d’enfant! D’autres ont dit et rediront ses exploits, moi, je m’arrête à contempler l’abandonnement de sa dernière heure!

Il est là, exilé et captif, enchaîné sur un écueil. Nouveau Promethée il subit le châtiment de son orgueil! Promethée avait voulu être Dieu et Créeateur; il déroba le feu du Ciel pour animer le corps qu’il avait formé. Et lui, Buonaparte, il a voulu créer, non pas un homme, mais un empire, et pour donner une existence, une âme, à son œuvre gigantesque, il n’a pas hésité à arracher la vie à des nations entières. Jupiter indigné de l’impiété de Promethée le riva vivant à la cime du Caucase. Ainsi, pour punir l’ambition rapace de Buonaparte, la Providence l’a enchaîné jusqu’à ce que mort s’en suivit, sur un roc isolé de l’Atlantique. Peutêtre là aussi a-t-il senti lui fouillant le flanc cet insatiable vautours dont parle la fable, peut-être a-t-il souffert aussi cette soif du cœur, cette faim de l’âme, qui torturent l’exilé, loin de sa famille, et de sa patrie. Mais parler ainsi n’est-ce pas attribuer gratuitement à Napoléon une humaine faiblesse qu’il n’éprouva jamais? Quand donc s’est-il laissé enchaîner par un lien d’affection? Sans doute d’autres conquérants ont hésité dans leur carrière de gloire, arrêtés par un obstacle d’amour ou d’amitié, retenus par la main d’une femme, rappelés par la voix d’un ami – lui, jamais! Il n’eut pas besoin comme Ulysse, de se lier au mât du navire, ni de se boucher les oreilles avec de la cire; il ne redoutait pas le chant des Sirènes – il le dédaignait; il se fit marbre et fer pour exécuter ses grands projets. Napoléon ne se regardait pas comme un homme, mais comme l’incarnation d’un peuple. Il n’aimait pas; il ne considérait ses amis et ses proches que comme des instruments auxquels il tint, tant qu’ils furent utiles, et qu’il jeta de côté quand ils cessèrent de l’être. Qu’on ne se permette donc pas d’approcher du Sépulchre du Corse, avec sentiments de pitié, ou de souiller de larmes la pierre que couvre ses restes, son âme répudierait tout cela. On a dit, je le sais, qu’elle fut cruelle la main qui le sépara de sa femme, et de son enfant. Non, c’était une main qui, comme la sienne, ne tremblait ni de passion ni de crainte, c’était la main d’un homme froid, convaincu, qui avait su deviner Buonaparte; et voici ce que disait cet homme que la défaite n’a pu humilier, ni la victoire enorgueillir. ’Marie-Louise n’est pas la femme de Napoléon; c’est la France que Napoléon a épousée; c’est la France qu’il aime, leur union enfante la perte de l’Europe; voilà la divorce que je veux; voilà l’union qu’il faut briser.’

La voix des timides et des traitres protesta contre cette senten– ce. ’ C’est abuser du droits de la victoire! C’est fouler aux pieds le vaincu! Que l’Angleterre se montre clémente, qu’elle ouvre ses bras pour recevoir comme hôte son ennemi désarmé.’ L’Angleterre aurait peut-être écouté ce conseil, car partout et toujours il y a des âmes faibles et timorées bientôt séduites par la flatterie ou effrayées par le reproche. Mais la Providence permit qu’un homme se trouvât qui n’a jamais su ce que c’est que la crainte; qui aima sa patrie mieux que sa renommée; impénétrable devant les menaces, inaccessible aux louanges, il se présenta devant le conseil de la nation, et levant son front tranquille et haut, il osa dire: «Que la trahison se taise! car c’est trahir que de conseiller de temporiser avec Buonaparte. Moi je sais ce que sont ces guerres dont l’Europe saigne encore, comme une victime sous le couteau du boucher. Il faut en finir avec Napoléon Buonaparte. Vous vous effrayez de tort d’un mot si dur! Je n’ai pas de magnanimité, dit-on? Soit! que m’importe ce qu’on dit de moi. Je n’ai pas ici à me faire une réputation de héros magnanime, mais à guérir si la cure est possible, l’Europe qui se meurt, épuisée de ressources et de sang, l’Europe dont vous négligez les vrais intérêts, préoccupés que vous êtes d’une vaine renommée de clémence. Vous êtes faibles. Eh bien! je viens vous aider. Envoyez Buonaparte à Ste. Héléne! n’hésitez pas, ne cherchez pas un autre endroit; c’est le seul convenable. Je vous le dis, j’ai réfléchi pour vous; c’est là qu’il doit être et non pas ailleurs. Quant à Napoléon, homme, soldat, je n’ai rien contre lui; c’est un Lion Royal, auprès de qui vous n’êtes que des Chacals. Mais Napoléon Empereur, c’est autre chose, je l’extirperai du sol de l’Europe». Et celui qui parla ainsi toujours su garder sa promesse, celle-là, comme toutes les autres. Je l’ai dit, et je le répète, cet homme est l’égal de Napoléon par le génie; comme trempe de caractère, comme droiture, comme élévation de pensée et de but, il est d’une tout autre espèce. Napoléon Buonaparte était avide de renommée et de gloire; Arthur Wellesley ne se soucie ni de l’une, ni de l’autre; l’opinion publique, la popularité, étaient choses de grand valeur aux yeux de Napoléon; pour Wellington l’opinion publique est une rumeur, un rien que le souffle de son inflexible volonté fait disparaître comme une bulle de savon. Napoléon flattait le peuple; Wellington le brusque; l’un cherchait les applaudissements, l’autre ne se soucie que du témoignage de sa conscience; quand elle approuve, c’est assez; toute autre louange l’obsède. Aussi ce peuple, qui adorait Buonaparte, s’irritait, s’insurgeait contre la morgue de Wellington; parfois il lui témoigna sa colère et sa haine par des grognements, par des hurlements de bêtes fauves; et alors avec une impassibilité de sénateur Romaine, le moderne Coriolan, toisait du regard l’émeute furieuse; il croisait ses bras nerveux sur sa large poitrine, et seul, debout sur son seuil, il attendait, il bravait cette tempête populaire dont les flots venaient mourir à quelques pas de lui: et quand la foule honteuse de sa rébellion, venait lécher les pieds du maître, le hautain patricien méprisait l’hommage d’aujourd’hui comme la haine d’hier, et dans les rues de Londres, et devant son palais ducal d’Apsley, il repoussait d’un genre plein de froid dédain l’incommode empressement du peuple enthousiaste. Cette fierté néanmoins n’excluait pas en lui une rare modestie; partout il se soustrait à l’éloge; se dérobe au panégyrique; jamais il ne parle de ses exploits, et jamais il ne souffre qu’un autre que lui en parle en sa présence. Son caractere égale en grandeur et surpasse en vérité celui de tout autre héros ancien ou moderne. La gloire de Napoléon crût en une nuit, comme la vigne de Jonah, et il suffit d’un jour pour la flétrir; la gloire de Wellington est comme les vieux chênes qui ombragent le château de ses pères sur les rives du Shannon; le chêne croît lentement; il lui faut du temps pour pousser vers le ciel ses branches noueusses, et pour enfoncer dans le sol, ces racines profondes qui s’enchevêtrent dans les fondements solides de la terre; mais alors, l’arbre séculaire, inébranlable comme le roc où il a sa base, brave et la faux du temps et l’effort des vents et des tempêtes. Il faudra peu-têtre un siècle à l’Angleterre pour qu’elle connaisse la valeur de son héros. Dans un siècle, l’Europe entière saura combien Wellington a de droit à sa reconnaissance176.

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