Цветы зла - читать онлайн книгу. Автор: Шарль Бодлер cтр.№ 47

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Онлайн книга - Цветы зла | Автор книги - Шарль Бодлер

Cтраница 47
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Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir,

Empêchera ton cœur de battre et de vouloir,

Et tes pieds de courir leur course aventureuse,


Le tombeau, confident de mon rêve infini

(Car le tombeau toujours comprendra le poète),

Durant ces grandes nuits d'où le somme est banni,


Te dira:"Que vous sert, courtisane imparfaite,

De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts?"

— Et le ver rongera ta peau comme un remords.

XXXIV
LE CHAT

Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux;

Retiens les griffes de ta patte,

Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,

Mêlés de métal et d'agate.


Lorsque mes doigts caressent à loisir

Ta tête et ton dos élastique,

Et que ma main s'enivre du plaisir

De palper ton corps électrique,


Je vois ma femme en esprit. Son regard,

Comme le tien, aimable bête,

Profond et froid, coupe et fend comme un dard,


Et, des pieds jusques à la tête,

Un air subtil, un dangereux parfum,

Nagent autour de son corps brun.

XXXV
DUELLUM

Deux guerriers ont couru l'un sur l'autre; leurs armes

Ont éclaboussé l'air de lueurs et de sang.

Ces jeux, ces cliquetis du fer sont les vacarmes

D'une jeunesse en proie à l'amour vagissant.


Les glaives sont brisés! Comme notre jeunesse,

Ma chère! Mais les dents, les ongles acérés,

Vengent bientôt l'épée et la dague traîtresse.

— Ô fureur des cœurs mûrs par l'amour ulcérés!


Dans le ravin hanté des chats-pards et des onces

Nos héros, s'étreignant méchamment, ont roulé,

Et leur peau fleurira l'aridité des ronces.


— Ce gouffre, c'est l'enfer, de nos amis peuplé!

Roulons-y sans remords, amazone inhumaine,

Afin d'éterniser l'ardeur de notre haine!

XXXVI
LE BALCON

Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses,

Ô toi, tous mes plaisirs! Ô toi, tous mes devoirs!

Tu te rappelleras la beauté des caresses,

La douceur du foyer et le charme des soirs,

Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses!


Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,

Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses.

Que ton sein m'était doux! Que ton cœur m'était bon!

Nous avons dit souvent d'impérissables choses

Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon.


Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées!

Que l'espace est profond! Que le cœur est puissant!

En me penchant vers toi, reine des adorées,

Je croyais respirer le parfum de ton sang.

Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées!


La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison,

Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles,

Et je buvais ton souffle, ô douceur! Ô poison!

Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles.

La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison.


Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses,

Et revis mon passé blotti dans tes genoux.

Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses

Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton cœur si doux?

Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses!


Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,

Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes,

Comme montent au ciel les soleils rajeunis

Après s'être lavés au fond des mers profondes?

— Ô serments! Ô parfums! Ô baisers infinis!

XXXVII
LE POSSÉDÉ

Le soleil s'est couvert d'un crêpe. Comme lui,

Ô lune de ma vie! Emmitoufle-toi d'ombre;

Dors ou fume à ton gré; sois muette, sois sombre,

Et plonge tout entière au gouffre de l'ennui;


Je t'aime ainsi! Pourtant, si tu veux aujourd'hui,

Comme un astre éclipsé qui sort de la pénombre,

Te pavaner aux lieux que la folie encombre,

C'est bien! Charmant poignard, jaillis de ton étui!


Allume ta prunelle à la flamme des lustres!

Allume le désir dans les regards des rustres!

Tout de toi m'est plaisir, morbide ou pétulant;


Sois ce que tu voudras, nuit noire, rouge aurore;

Il n'est pas une fibre en tout mon corps tremblant

Qui ne crie: Ô mon cher Belzébuth, je t'adore!

XXXVIII
UN FANTÔME

I

LES TÉNÈBRES


Dans les caveaux d'insondable tristesse

Où le destin m'a déjà relégué;

Où jamais n'entre un rayon rose et gai;

Où seul, avec la nuit, maussade hôtesse,


Je suis comme un peintre qu'un Dieu moqueur

Condamne à peindre, hélas! Sur les ténèbres;

Où, cuisinier aux appétits funèbres,

Je fais bouillir et je mange mon cœur,


Par instants brille, et s'allonge, et s'étale

Un spectre fait de grâce et de splendeur.

À sa rêveuse allure orientale,


Quand il atteint sa totale grandeur,

Je reconnais ma belle visiteuse:

C'est elle! Noire et pourtant lumineuse.

II

LE PARFUM


Lecteur, as-tu quelquefois respiré

Avec ivresse et lente gourmandise

Ce grain d'encens qui remplit une église,

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