Catherine Cusset est née à Paris en 1963, d'un père catholique breton et d'une mère juive parisienne. Elle a passé sa jeunesse à Boulogne-Billancourt et fréquenté le lycée La Fontaine à Paris, puis le lycée Louis le grand. Ancienne élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et agrégée de lettres classiques, elle a fait une thèse sur le marquis de Sade (La raison et la fiction dans L'Histoire de Juliette) et enseigné la littérature française du XVIIIe siècle à l'université Yale de 1991 à 2002, avant d'arrêter la carrière universitaire pour écrire à plein temps. Résidant depuis vingt ans aux États-Unis (avec un intermède à Prague entre 1997 et 1999), elle vit aujourd'hui à Manhattan avec son mari américain et sa fille, et passe les étés en France. Elle est l'auteur de neuf romans parus chez Gallimard et d'un récit paru au Mercure de France.
La blouse roumaine, publié en 1990 par Philippe Sollers dans sa collection L'infini chez Gallimard, marque son entrée, discrète, sur la scène littéraire. Le roman explore la liaison adultère d'une Française mariée à un Américain, qui croit pouvoir contrôler son aventure et se retrouve prise à son propre jeu, quittée à la fois par son amant et par son mari.
Son deuxième roman, En toute innocence, paru en 1995 dans la collection blanche, finaliste pour le Femina et grand succès critique, raconte, à la première personne, les angoisses d'une jeune fille qui souhaite se débarrasser de sa virginité pour devenir une "femme" et qui, à trois reprises, trouve la mort sur son chemin. Le livre très bref est écrit comme en un souffle, avec un rythme saccadé.
À vous, paru en 1996, est un roman inspiré par le personnage de Philippe Sollers et par sa philosophie de la jouissance. La narratrice, Marie (prénom récurrent des romans de Catherine Cusset), s'adresse, depuis les États-Unis où elle vit, à ce mentor spirituel parisien dont le silence l'obsède et dont elle imagine le mépris, tout en cherchant les moyens d'en finir avec lui.
Jouir, paru en 1997, est le premier livre d'autofiction de Catherine Cusset: à travers une mosaïque de scènes liées à la sexualité, Jouir trace le portrait, dans une langue crue et incisive, d'une femme prise entre la puissance de son désir et sa peur de trahir. Le livre a été mal reçu par la critique à sa sortie, qui l'a ignoré ou violemment attaqué.
Avec Le problème avec Jane, paru en 1999, Catherine Cusset écrit un roman plus traditionnel, qui suit une intrigue policière. Jane, jeune professeur dans une grande université américaine où, sous un nom fictif, l'on peut reconnaître Yale, trouve un jour un manuscrit à sa porte, intitulé Le problème avec Jane. Elle commence à le lire et découvre que l'auteur semble connaître intimement ses déboires professionnels comme ses problèmes conjugaux. Qui en est l'auteur ? Un ancien petit ami ? Un amant éconduit ? Le mari dont elle a divorcé ? Un collègue jaloux, ou secrètement amoureux ? Une amie ? Plébiscité par les lecteurs, finaliste du prix Medicis et récipient du grand prix des lectrices d'Elle en 2000, Le problème avec Jane s'est vendu à plus de deux-cent mille exemplaires.
En 2001 a paru La haine de la famille, salué unanimement par la critique et par Bernard Pivot lors de l'émission de Bouillon de Culture du 19 janvier 2001 comme une réussite et un roman d'amour. Explore le rapport mère-fille sur trois générations, Catherine Cusset livre de sa famille un portrait tragicomique où aucun détail (qu'il s'agisse de la digestion maternelle, de la nuit de noces des parents, ou de l'agonie de la grand-mère à l'hôpital) n'est épargné au lecteur. Tout au long du livre, elle met en cause le regard de la narratrice, Marie, qui se fait le juge de sa mère.
En 2003 Catherine Cusset poursuit son travail d'autofiction et d'autocritique avec Confessions d'une radine, écrit à la première personne, récit drôle et piquant dont l'enjeu et sérieux: il s'agit de dénoncer l'instinct qui pousse à économiser et à se méfier de l'autre, et qui empêche de jouir de la vie, car vivre c'est "dépenser sans compter." Confessions d'une radine est un livre sur la haine de soi.
En 2004 elle publie Amours transversales, un livre composé de quatre nouvelles avec des personnages récurrents, portant toutes sur ces amours qui ne sont pas celles sur lesquelles on a fondé sa vie, mais qui n'en sont pas moins importantes: amours passagères, ponctuelles, qui dessinent dans nos vies une ligne transversale. Amours transversales, écrit à la troisième personne, renoue avec la veine romanesque du Problème avec Jane.
Après un silence de quatre ans et demie, Catherine Cusset publie Un brillant avenir en 2008, son plus grand succès à ce jour. Nominé pour le Medicis et finaliste pour le Prix Goncourt, Un brillant avenir a reçu un autre prix de lecteurs, le Goncourt des Lycéens, qui l'a propulsé pendant six mois sur les listes des meilleures ventes. D'inspiration autobiographique mais d'écriture romanesque, Un brillant avenir retrace le destin d'une femme née en 1936 dans la Roumanie de Nicolae Ceaușescu, d'où elle a fini par s'enfuir avec son mari juif afin d'émigrer aux États-Unis et d'offrir à son fils un « brillant avenir », compromis par l'arrivée dans sa vie d'une autre femme, sa belle-fille française.
En 2009 Catherine Cusset fait paraître au Mercure de France un récit accompagné de photos, New York. Journal d'un cycle, dans la collection "Traits et portraits" dirigée par Colette Fellous. Ce récit, dont la première version remonte à une douzaine d'années plus tôt et qui, par son écriture, est donc plus proche de Jouir et de Confessions d'une radine que des derniers romans de Catherine Cusset, décrit la dispute d'un couple autour du désir d'enfant et l'inscrit dans un paysage new-yorkais fait de violence, d'intensité de circulation, et d'apparitions inattendues. Le cycle, c'est à la fois le cycle menstruel de la narratrice, et le vélo sur lequel elle passe ses journées dans New York pour circuler plus vite et retrouver la paix intérieure.
Certains des livres de Catherine Cusset (Jouir, La haine de la famille, Confessions d'une radine, et New York. Journal d'un cycle) s'inscrivent dans la mouvance de l'autofiction. D'autres sont plus romanesques, mais des thèmes récurrents leur sont communs : La famille, le désir, les conflits culturels entre la France et l'Amérique. Elle se démarque de ses contemporains par une écriture directe, incisive, visuelle, efficace, marquée par l'influence des écrivains anglo-saxons. Elle est traduite dans une quinzaine de langues.
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